« Politique de l’être » : dix ans de gestation (1/3)
PARTIE 1 : LE CHEMIN SPIRITUEL
Pourquoi ai-je écrit ce livre ? Pourquoi ai-je passé tant de temps, au cours des dix dernières années, à faire des recherches, méditer sur ces idées, et écrire ce livre qui propose un nouveau paradigme de développement axé sur « l’être » plutôt que sur « l’avoir » ? En bref, mon cheminement spirituel, ma pensée de chercheur en sciences sociales et mon expérience professionnelle ont progressivement convergé vers la nécessité de se tourner vers les traditions de sagesse pour définir, dans un dialogue avec la science, une nouvelle voie de développement susceptible de soutenir notre évolution consciente collective.
Je pense que tout a commencé lorsque je me suis ouvert au monde à la fin de mon adolescence à Paris dans la deuxième moitié des années quatre-vingt-dix. J’ai commencé à ressentir la même violence et le même malaise chez les personnes autour de mi, que dans les systèmes économiques et sociaux que j’étudiais. J’ai pris conscience qu’il devait y avoir des liens entre le désordre intérieur et le désordre extérieur.
En 2002, j’ai vécu six mois à Mexico, dans le cadre d’un échange universitaire. Ma rencontre avec la spiritualité indigène a changé ma vie, à travers une profonde reconnexion à moi même et la terre mère. Un soir, je me suis retrouvée dans une petite maison en adobe dans un village indigène caché dans la brume des montagnes du sud du Mexique pour une cérémonie. J’ai posé de nombreuses questions au chaman et j’ai vu pour la première fois dans ses enseignements un chemin spirituel clair. J’ai tout de suite su que c’était ce que j’avais toujours cherché, sans pouvoir jusqu’à présent mettre un nom dessus. J’ai décidé de revenir au Mexique, après avoir terminé mon dernier semestre d’études, pour apprendre le chamanisme avec lui et son groupe, ce que j’ai fait pendant les trois années suivantes.
J’ai commencé à réorienter ma vie de manière radicale et j’ai fait une fois pour toutes de mon chemin spirituel ma priorité. Je voulais explorer pleinement mon potentiel en tant qu’être humain. Cet éveil spirituel m’a naturellement conduit sur la voie du service. De retour en France pour un dernier semestre d’études à Sciences-po Paris, il m’a conduit à changer de majeure pour finalement obtenir un master en développement international et commencer à travailler dans le domaine social, puis environnemental. Mon expérience personnelle m’a convaincue que le développement intérieur est la clé pour réconcilier notre épanouissement personnel avec les limites planétaires et notre souci du bien commun. Je développerai dans le prochain blog la manière dont la science soutient cette idée.
Au fil des ans, j’ai eu la chance d’étudier et de pratiquer différentes voies spirituelles et j’ai développé une grande confiance en leur sagesse. En 2015, je me suis installé avec ma femme en Dordogne, près du Village des Pruniers, le monastère bouddhiste et le centre de pratique de la pleine conscience du maître zen Thich Nhat Hanh, souvent considéré comme l’un des enseignants bouddhistes et spirituels les plus influents de notre époque et comme le « père de la pleine conscience ».
J’ai toujours été intéressé par la compréhension de notre réalité collective que peuvent les enseignements spirituels, en particulier ceux qui mettent l’accent sur l’évolution spirituelle de l’humanité et l’importance de notre époque dans ce processus, comme ceux de Sri Aurobindo et de Baha’u’llah. Cette vision s’est progressivement développée en moi et me semble de plus en plus être le bon prisme à travers lequel comprendre les événements du monde. Il me semble tellement incroyable que cette vision soit encore presque totalement absente de notre débat public que j’ai voulu rendre cette perspective accessible à un large public, en utilisant le langage de la science et du débat public actuel en matière politique et de durabilité.
Lire la suite de cet article ici :
« Politique de l’être » : dix ans de gestation (2/3)
« Politique de l’être » : mes dix ans de gestation (3/3)