« Politique de l’être » : dix ans de gestation (3/3)

Partie 3 : le parcours professionnel

En 2003, j’ai commencé à travailler au Mexique dans le secteur de la microfinance. Cela m’a montré qu’une belle idée conçue pour le bien de tous pouvait facilement être transformée en instrument d’exploitation par des esprits et des systèmes corrompus. La même technologie peut être utilisée pour aider les gens à sortir de la pauvreté ou les faire tomber dans le surendettement par appât du gain. Tout dépend de l’intention avec laquelle on l’utilise.

Tout en préparant un doctorat en économie (écologique), j’ai commencé à travailler comme consultant indépendant sur la conservation de l’environnement et le développement durable en Amérique latine, en Afrique et en Asie, pour des organisations internationales telles que des agences des Nations unies, des entreprises et des ONG. C’est ce que je fais depuis plus de quinze ans. En tant qu’écologiste, j’ai toujours eu le sentiment que nous travaillions à contre-courant, car la dynamique économique générale s’oppose intrinsèquement à la logique de la durabilité environnementale. J’en suis arrivé à la conclusion qu’il n’y a aucun espoir de parvenir à la durabilité sans un véritable changement paradigmatique, une réorientation profonde de nos systèmes économiques, de nos sociétés et de nos vies. Il s’agit de redécouvrir notre véritable raison d’être sur Terre.

Bien que j’aie dirigé des travaux stratégiques, tels que des stratégies nationales de développement vert, je n’ai jamais vraiment eu l’occasion d’aborder mon travail sous l’angle de ce livre et de mettre en avant la vision qui a grandi en moi de l’humanité à la recherche de son évolution. Il n’y a jamais d’espace pour remonter aux racines profondes de nos problèmes. Le changement culturel est parfois identifié comme un levier potentiel pour lutter, par exemple, contre le changement climatique. Cependant, cette option reste souvent théorique et n’est pas vraiment discutée, comme s’il s’agissait de quelque chose hors de notre portée, que nous ne pouvions pas délibérément poursuivre. C’est « l’éléphant dans la pièce » dont personne n’ose parler, et encore moins reconnaître sa nature spirituelle. La voie du changement  intérieur est tellement étrangère à notre logiciel culturel que son potentiel reste inexploité. Comme quelqu’un qui chercherait un objet perdu dans une rue sombre, là où il y a de la lumière plutôt que là où il est tombé, nous continuons à chercher nos solutions à travers les options traditionnelles avec lesquelles nous sommes à l’aise (technologie, incitations financières, etc.), même si elles ne peuvent, à elles seules, relever les grands défis auxquels nous sommes confrontés.

C’est pourquoi j’ai pris le temps d’écrire ce livre que je nourris patiemment depuis 2012. L’écriture de ce livre a été une véritable épopée. On me demande souvent quelle équipe m’a aidé à couvrir ce programme incroyablement vaste et la recherche scientifique qui s’y rapporte. Tant de travail, tant d’amour, tant de joie ont nourri ce livre, porté par le sentiment très clair que c’était ce que je devais faire.

Et la magie a opéré. Depuis 3 ans, ces idées sont au cœur de mon travail pour l‘Alliance pour des systèmes alimentaires conscients que je dirige au sein du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). La reconnaissance croissante du potentiel de la transformation intérieure pour la régénération est un signe d’espoir, porté également par exemple par notre partenaire, les Objectifs de Développement Intérieur. Elle a bien sûr beaucoup à apporter au « changement radical des mentalités » qui, selon le rapport sur le développement humain 2020 du PNUD, est nécessaire “pour entrer audacieusement dans l’Anthropocène et permettre à tous de s’épanouir tout en réduisant les pressions exercées sur la planète”.

 

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« Politique de l’être » : dix ans de gestation (1/3)

« Politique de l’être » : mes dix ans de gestation (2/3)



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