Pourquoi « l’être » ou « l’épanouissement humain » est-il un meilleur paradigme de développement que le développement durable ?
C’est seulement en fleurissant que l’arbre peut continuer à vivre et à soutenir les oiseaux, les abeilles et tout l’écosystème dont il fait partie.
Examinons tout d’abord la définition du développement durable. Alors que son objectif de répondre « aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs » est valable, la nécessité souvent proclamée pour le développement durable de trouver un équilibre entre croissance économique, équité sociale et protection de l’environnement peut porter à confusion. En effet, plutôt axée sur le court terme, la croissance économique prend souvent le pas sur l’équité sociale et sur les préoccupations environnementales, qu’elle tend à considérer comme des limites. Il est par nature très difficile de trouver un équilibre entre ces trois objectifs antagonistes. C’est pourquoi le concept de développement durable, qui propose un compromis, reste souvent très ambigu (d’où son succès politique). En effet, que voulons-nous faire perdurer ? La Terre et nos sociétés, ou le « développement » tel que nous le connaissons ? L’heure n’est-elle pas plutôt à une profonde régénération humaine, sociale et environnementale ? C’est l’épanouissement de l’ensemble de la communauté terrestre que nous devrions viser ; et abandonner la conception de la durabilité comme un objectif figé et extérieur à nous-même, pour la considérer plutôt comme un processus d’adaptation continue, fondé sur l’évolution de nos mentalités et capacités humaines, aux conditions et nécessités de la vie sur Terre et de nos sociétés.
Il manque au concept de développement durable la force intérieure nécessaire pour porter la transformation dont nous avons besoin. Au contraire, le bonheur et le développement intérieur peuvent
aller de pair avec la durabilité et nous offrir l’élan indispensable au Changement.
La science commence à montrer que le développement intérieur, notre relation avec les autres et avec la nature sont les bases d’un épanouissement humain authentique. Réciproquement, la recherche montre que les personnes qui jouissent d’un plus grand bien-être ont des attitudes et des comportements plus durables. Il est intéressant de noter que des analyses ont montré que les avantages sociaux et environnementaux du bonheur découlent d’une orientation « eudémoniste » (« développer le meilleur de soi-même, en accord avec son vrai moi », ce que j’appelle « l’être ») et non hédoniste (recherche du plaisir, du confort et de la jouissance) du bonheur. Au contraire, il a été démontré que le matérialisme et, plus généralement, la déconnexion de nos véritables besoins et de notre propre personne (ce que les psychologues appellent la motivation orientée extrinsèque) nuisent à notre bien-être et sont associés à des attitudes et des comportements plus néfastes à l’égard d’autrui et de l’environnement.
Des êtres humains sains vont de pair avec des communautés saines et une planète saine. Il est temps d’adopter un nouveau paradigme de développement qui privilégie “l’être” à l’avoir et qui profite à l’ensemble de la communauté terrestre en tant qu’ensemble interdépendant.